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Une vie d'ébauches

20 mars 2010

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"Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve"
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23 février 2010

Give me pain (Danton Eeprom)

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« Mais qu’est-ce que cela me fait à moi que je te fasse mourir/ et moi et tout et tant pis ! pourvu qu’à ce prix qui est toi et moi / Donnés, jetés, arrachés, lacérés, consumés / Je sente ton âme, un moment qui est toute l’éternité, toucher / Prendre / La mienne comme la chaux astreint le sable en brûlant et en sifflant »

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Ongles violets et verres renversés, je pense à toi. Envolées de rires de vie, miettes de pâte feuilletée, je pense à toi. Jaillissent les couleurs qui sont floues, ressurgissent les souvenirs, saillants comme des os de nacre, précieux et trop fragiles, sensation aiguë de leur presque agonie, sensation aiguë de leur beauté, encore.

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Demain, ou peut-être un autre jour, je te rejoins. Laisse-moi, auparavant, me souvenir de ce réveillon en famille, plus fastueux que mes pauvres mots.

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Un petit clan, d’amitiés transversales, d’amour fusionnel et de délires conflictuels. X. nous accueille, nous serrant dans ses bras avec un petit sourire taquin aux lèvres. On s’installe dans la maison où tout est si hétéroclite : un masque tribal non loin de l’écran plasma immense, une maison en pain d’épice qui sèche sur un buffet encombré de bibelots kitsch à souhait, des coquillages et du bois flotté, des coussins moelleux, des guides de voyage éparpillés, une bouteille de Saint-émilion égarée sur la table basse où trône une console de jeu. Je hasarde que les goûts de la mère teutonne du garçon ne sont peut-être pas étrangers dans ce foisonnement de jolie vaisselle, d’immondes tableaux aux couleurs criardes et de bonbonnières pleines de gélatines (que l’aimé s’empresse de rafler). Il rit sous cape tandis que M. me fusille du regard, car ici, il n’est pas rare que les blagues fusent en Allemand ou que Nina Hagen pousse la chansonnette dans le salon (le temps que l’aimé se précipite pour adoucir l’ambiance avec un standard pop un brin formaté), et quand les garçons se passionnent pour l’ingénierie ou parlent petits pains (les fameux Brötchen), leur regard se tourne outre-rhin. Al s’empare d’une carafe, à peine arrivé, pour laisser le temps au vin d’exhaler ses arômes les plus subtils. Je fouille le frigidaire et les placards, dressant l’inventaire des victuailles que X. a acheté après que je lui eu transmis une liste détaillée des provisions ah hoc pour notre menu de choc. Un whiskey plus tard, nous voilà qui nous affairons, munis de couteaux affûtés et la bouche pincée en signe de concentration que vient perturber X., appareil photo dans une main, l’autre qui s’égare sur les fesses de mon aimé ou sur mes hanches pas encore remplumées par le dîner qui s’annonce pantagruélique. Aidée de Al, je confectionne les makis de saumon au fromage frais et œufs de truite. Aux fourneaux aussi, lui et moi agissons en symbiose. Je m’applique à former un rouleau, il l’enveloppe, me tend une nouvelle tranche de saumon et tandis que je la tartine, il effeuille la roquette. Tout semble rodé, rien qui puisse altérer la sérénité éprouvée chaque fois que l’on cuisine ensemble.

Le plat est autrement compliqué à préparé. Après avoir un peu dégraissé les magrets et découpé le foie gras cru en tranches épaisses pour la garniture à laquelle j’ajoute de beaux abricots, je suis ravie que M. et l’aimé parviennent à ficeler l’ensemble en un appétissant rôti. On servira le plat avec du foie gras poêlé et un mélange de pommes et poires fondues dans le beurre d’Issigny.

M. tourne en ridicule ma lenteur à éplucher les poires, je lui fais bouffer ses épluchures de pommes, la soirée commence bien. Si au téléphone, ces dernières semaines, je l’encourageais dans ses projets et qu’il me rappelait mon « charisme impressionnant », la rouerie est de mise une fois réunis. On chahute donc parmi les ustensiles de bric et de broc, poursuivant le débat qui nous fit nous étriper dans la voiture, Al et moi. Mais là encore, parmi les belliqueux de mauvaise foi, mon pacifisme qualifié de « gauchisme » est en minorité. Evidemment, inutile de rappeler qu’avec la soirée que nous nous apprêtons à vivre dans une certaine opulence pour figurer la prospérité de la nouvelle année, tout « gauchisme » ne serait qu’hypocrisie. Inutile de le rappeler car l’argument est jugé fallacieux : ce ne serait pas la première fois que je serais en contradiction entre mes convictions et mes aspirations.

Les garçons revêtent une chemise, je m’apprête en un temps record pour ne rien manquer de l’apéro. Al décide de ne pas sabrer le Veuve-Cliquot : évidemment il défend mordicus son « mythique » Mumm tandis qu’il sert les coupes et je trouve le moyen de multiplier les lapsi (« Tu as tort, le Veuve-Clito c’est bien meilleur »). Mais le silence se fait à la seule contemplation des coupes où une kyrielle de bulles minuscules portent les arômes du champagne, lequel fait l’unanimité de par sa finesse. Les petits biscuits salés ne peuvent que distraire le palais d’une telle boisson, alors on s’empiffre le plus discrètement possible, chacun gardant sa coupe à la main, bien décidé à ne pas laisser passer le second service.

M. et moi dressons ensuite l’entrée, lui réinvente la vinaigrette à l’allemande tandis que je découpe les makis japonisants. Le pinot gris que débouche Al s’accommode très bien au plat, lequel est prestement dégusté. Et nous met en appétit pour la suite.

M. et moi nous sommes perdus dans la contemplation du rôti posé sur le grill, avec la graisse qui goûte dans la lèche-fritte. Al nous bouscule à coup de poêlon pour la préparation du foie gras. Le rôti est découpé, et c’est un concert de louanges des gourmands qui se réjouissent de voir la viande encore rosée, attendrie par le foie gras et parfumée par les fruits. On pourrait avoir les larmes aux yeux : les assiettes sont magnifiques et Al avait judicieusement acheté un magnum de Margaux 2004 pour accompagner ce festin. Il s’était agacé de la pénurie de Saint-Estèphe chez le caviste, mais assurément le Margaux avait sa place à table. On discute de politique, périlleux car le risque pourrait être grand de s’attaquer à coups de fourchettes si celles-ci n’étaient pas plus utiles à nos velléités de gros mangeurs. X. rappelle alors la joie d’être en famille pour ce réveillon, et on remarque que ce petit dîner a quelque chose de si traditionnel qu’on dirait un quatuor de trentenaires jouisseurs de la bonne chair, gourmands autant que gourmets, encore novices et déjà connaisseurs. Et c’est vrai que c’est ce qui fait son charme à la soirée, outre le fait d’être tous réunis pour la première fois depuis l’été. Avec une pointe de nostalgie et la furieuse envie de rempiler, on aura donc élaboré un cocktail explosif de mets raffinés et débats enflammés. Après quelques pas de danse, un twist effréné et quelques verres encore, les bons vœux fusent, les accolades se font câlines et X. ajoute une note sucrée au repas en sortant une magnifique bûche et une jolie ronde de macarons multicolores, alors que les coupes sont à nouveau remplies de champagne, cette fois du Mumm que Al n’aura pas l’impertinence de préférer au Veuve-C. C’est là, sans doute, le plus doux réveillon qu’il me fut donné de vivre et je ne rechigne pas à ce que l’on fasse une petite ballade nocturne, histoire d’apprécier les ruelles pavées de Vannes, les maisons à colombages et le port où nous montons à l’assaut d’un petit voilier. Le temps de griller quelques cigarettes, frigorifiés par un vent glacial. Blottie contre X., on discute des aléas de sa vie parisienne et je le taquine un peu sur son allure de dandy londonien : superposition de pulls bleu roi et d’une écharpes, que du cachemire, Rolex au poignet, long manteau doux et pantalon beige, chaussures en beau cuir fauve. Il s’habille avec une recherche non dissimulée mais cultive l’élégance avec une ostentation qui ne semble pas si factice, sans doute parce que sa bonne bouille de gamin blond exprime toujours l’espièglerie, pas la suffisance, et que son flegme tout britannique est tempéré par ses origines d’Allemand brut de décoffrage.

On rentre et je meurs de froid, ma robe était trop légère, mon étole pas assez serrée sur mon cou. La chambre où l’aimé et moi échouons est celle de X., tapissée de photos érotiques, avec un grand canapé rouge encombré de sacs de sports et des voitures miniatures disséminées jusque sous le lit. Le sol est bientôt jonché de nos effets : trousses de toilette qui dégueulent leurs cosmétiques et tubes de dentifrices, lingerie fine et chaussettes sales, mes bas bientôt filés comme de juste quoique neufs. L’aimé m’attire sous la couette et tandis que je le couvre de baisers, la tiédeur de sa peau réchauffe la mienne, ses muscles se raidissent contre mes membres qui lentement sortent de leur torpeur. Le lit cogne le mur, l’aimé est beau, ses paupières mi-closes, son visage entre mes mains. Il mord mon cou et avale ma peau maintenant brûlante. J’étouffe mes cris au creux de ses épaules rondes, il gémit, les lèvres à peine bâillonnées par mes cheveux épars qui courent sur sa bouche et glissent le long de son cou à son tour rougit de morsures. Il n’y pas d’obscurité assez dense pour occulter l’exaltation des couleurs de nos corps. J’exulte, comme ravagée d’un désespoir grandiose. L’extase merveilleuse qui trop vite s’évanouit dans les dernières vapeurs d’alcool, dans les derniers frissons de nos corps moites. Je me sens palpiter d’une puissance qui embrase mes sens et alourdit mes paupières. Dans les bras de l’aimé, je sombre dans les délices d’un sommeil peuplé de rêves sensuels. Au matin, je revêts le kimono de soie noire et le pantalon de soie rose poudré qui me font croire que ma démarche est fluide quand c’est à petits pas mal assurés que je m’aventure à l’étage inférieur. M. s’ébat dans une masse moelleuse de couettes froissées, X. prépare du café, le teint pâle et les poumons écorchés par ce qu’il a fumé. Al me rejoint au salon où pesamment on s’installe devant la télévision. L’année ne pouvait mieux commencer : l’aimé est alangui entre mes jambes, il caresse mes chevilles, je me contorsionne pour l’embrasser sans cesse et nous regardons un Miyazaki diffusé en fin de matinée. Nos rires attirent les garçons et ensemble nous nous passionnons pour les aventures de Kiki, Al et moi ignorant les remarques de X. à M. : « Regarde-les donc s’emboîter ! ». Toux sèche qui lui décolle les poumons. Petit rire. Toux. Quand on décide de décoller, après une douche fraîche et quelques chamailleries d’enfants dissipés quand je décide de jouer à saute-mouton sur Al qui rassemble ses affaires. La course-poursuite nous laisse échevelés, essoufflés, on est vraiment de grands gamins.

X. prend le volant, M. lance sa programmation musicale rockissime, avec du Led Zep pour mon plus grand plaisir, et sur la banquette arrière Al et moi lisons sagement la presse, commentant quelques articles. X. conduit vite, double dans les virages en lacet, esquive une moto qui déboule à toute bringue, accélère… Je le vois encore assurer combien le karting est un sport des plus rudes… Arrivée à Quiberon, bientôt, après la traversée du bois des amoureux. Restaurants tous ouverts et adolescents encore éméchés qui titubent, goguenards.  Affamés malgré le petit déjeuner de Nutella et de camembert, c’est tout juste si nous avons admiré le spectacle qui s’offrait à nos yeux avant d’arriver dans le centre : petites falaises et récifs déchiquetés, mer bleu-vert écumante et sentiers humides qui serpentent dans la lande. X. nous montre le manoir de sa copine K., coiffé de jolies tourelles, avec une vue imprenable sur l’océan, et déjà notre petite famille se met en quête d’un restaurant où nous dégustons nos premières galettes de l’année, bien croustillantes et beurrées. Ensuite, on se promène sur la côte, Al et moi chahutant toujours, je mange ses lèvres et ses vers me reviennent :

« Mais qu’est-ce que cela me fait à moi que je te fasse mourir/ et moi et tout et tant pis ! pourvu qu’à ce prix qui est toi et moi / Donnés, jetés, arrachés, lacérés, consumés / Je sente ton âme, un moment qui est toute l’éternité, toucher / Prendre / La mienne comme la chaux astreint le sable en brûlant et en sifflant »

21 février 2010

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... Et ces quelques choses pour les fêter.

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Concert Arctic Monkeys

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3e lecture.

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Des mojitos à Bastille. Et pas seulement, de soirées champagnisées en nuits trop alcoolisées.

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Expo au Musée Marmottan. Incomplète. Tant pis.

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Brunch à l'heure où déjà les touristes japonais raflent les macarons dans des grands sacs vert pistache.

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En boucle.

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Rue Sainte-Anne, deuxième édition.

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Permanent Vacation

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Shadows, Cassavetes.

22 janvier 2010

Lightworks (Acid Girls)

Tant qu’il nous reste des dents et des nerfs, tant qu’il nous reste du sang et la fureur de se débattre avec les évènements les plus contrariants, alors ne manquons pas d’ardeur. Il n’est pas vain de materner le petit garçon effrayé et de chérir l’ambitieux, quitte à s'oublier un peu. Il n’est pas vain d’être fouet et dentelle, il détache les rubans et je resserre l'étreinte. Il n’est pas vain de chercher un sens à tout ça. Il serait peut-être prétentieux de croire pouvoir en trouver un. Mais qu’importe, il nous reste des dents, des nerfs, du sang, et la fureur.

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8 janvier 2010

Heads will roll.

Alexandre, ma foi, ma drogue, ma religion, mon possible impossible.

Le 31 décembre 2008, je disais à ma copine M. avoir croisé l’homme de ma vie au rayon fruits et légumes. Elle riait complaisament, ah ce qu'elle riait !

Le 31 décembre 2009, à la même heure, j’embrassais l’aimé ardemment et nous sabrions le champagne, repus de tout ce bonheur.

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22 décembre 2009

Biche.

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L'aimé a appelé à la nuit tombée, il veut apprendre à pardonner, il ne veut pas que je sois la fille de la fuite perpétuelle, du doute permanent, de la lâche tromperie. Et me veut pour toujours. Entre deux sanglots et la suffocation d'une joie grandiloquente, j'ai éprouvé le calme inédit de ceux qui survivent aux tempêtes.
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"Ils sont comment, dehors ?" "Insortables"
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"Si le ciel me tombe sur la tête, tu ne pourras pas dire que j'étais décoiffé"
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"Désolée pour la poussière". "Oh attend, on est pas encore morts, hein"
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"Eh, moussaillon ! N'est-ce pas que je te rends fou ?"
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"Je vends du rêve, là ?"
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"Tu as déjà vu une mouette neurasthénique avec des ch'veux ?"
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"Ayla, crois-tu être pouvoir être heureuse avec quelqu'un d'autre que moi ? Moi, quoique tu aies fait, je n'ai pas changé d'avis : je ne serai jamais si heureux qu'avec toi. Tiens, d'ailleurs je suis tellement amoureux que je veux bien appeler notre fille Vitalie ! c'est dire !"
"Et notre fils Gonzague, alors ?"

"Euh..."

17 décembre 2009

Alexandre.

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L’eau très chaude qui annihile les vertus sopitives de la mousse. Baignoire javellisée, récurée, immaculée. Le parfum discret du masque capillaire acheté trop cher à Paris, avec l’aimé, du temps ou l’épiant dans le miroir, je le voyais en chiper plus qu’une noisette comme préconisé. Assis dans la baignoire, il riait de mon duo dansant avec le sèche-cheveu. Derrière la porte, son oncle nous lançait : « les enfants, on va être en retard à Beaubourg ! ». On retrouvait la tante et l’oncle de l’aimé enlacés sur le canapé, se délectant d’une rhapsodie en effeuillant un ouvrage consacré à Hokusai. On déjeunait sur les tables en bois brut du Pain quotidien, de plats végétariens ou d’un brunch gargantuesque.  Il y eut aussi les douches fraîches de l’été à Marseille, dans le cabanon toujours inondé : « Al’, passe-moi le produit steuplé ! ». Et quand son frère tambourinait à la porte, à Dinard : « Eh, c’est pas bientôt fini ? ». Le père lançait, depuis le canapé où affalé il regardait les championnats de golf : « Laisse-les tranquille, veux-tu !? ». Quand je sortais, il disait : « Ayla, qu’est-ce qui sent bon comme ça ? ».

J’ai demandé pardon à l’aimé. Sans savoir si je lui demandais pardon de le quitter ou pardon pour l’avoir trompé. Pardon pour t’avoir trompé de peur que tu me trahisses, pardon que c’ait été avec le meilleur ami de celui que j’avais quitté pour toi, pardon que ce ne soit pas une rencontre sans lendemain. Pardon de te quitter comme je fuis toujours ceux qui m’ont fait souffrir, dans un élan de fierté qui dépasse mon amour de la douleur.

Il me reste cette image saisissante : sur le zodiac, on est remonté péniblement après une longue plongée par vingt mètres de fond, on admire les calanques et je dégage les cheveux collés sur mes tempes en te regardant ranger les bouteilles et les palmes. Soudain, un éclair passe dans tes yeux, de ces regards soudain espiègles qu’ont les enfants rusés. T’approchant pour m’embrasser, tu me renverses par-dessus bord. A l’eau tous les deux, glacés jusqu’à la moelle, encore étourdis du vertige des profondeurs et légers comme jamais.

Aimé, mon air, mes flots, ma noyade. A Chausey quand on descendait du voilier à marée montante, que tu m’aspergeais de l’eau glacée et que mes cris faisaient réagir ton père effaré : « Mais on ne peut plus cuire les crevettes sereinement ou bien !? ». On traversait l’île par les petits sentiers désertés, avec les arômes d’herbe fraîche, de résine, de genets, pour aller se baigner de l’autre côté. Les puces de sable, la serviette humide, les cheveux secs, les yeux rougis par le sel, tes murmures assourdis par le ressac quand je t’avais rejoint en quelques brasses vigoureuses. Aimé, nous étions beaux alors. Le soir, dans la cale du bateau, on décortiquait le bouquet en vantant tes talents de pêcheur. De quel don as-tu été privé ? Je n’ai jamais su. Hier, alors que je préparais un gâteau au chocolat, je te revoyais t’inquiéter d’un courant d’air qui pourrait faire retomber les œufs que tu avais monté en neige. Je te revoyais improviser la préparation d’un caramel. Je te revoyais remonter les maquereaux, chasser le homard, raconter tes pêches miraculeuses sur les lacs espagnols ou africains. Je te revoyais laver patiemment le pont du voilier. Je te revoyais le diriger, tracer l’itinéraire sur la carte en fonction de mesures précises, te reposer un bon livre à la main. Je te revoyais charmer ce couple de bourgeois parisiens dînant à nos côtés au restaurant : ils buvaient tes paroles, s’émerveillait de ta prestance, t’interrogeaient sans relâche. Je te revoyais chez le caviste, choisir cognac, rhum ou bon vin de façon avisée. Je te revoyais si studieux, occupé par les maths, ou blaguant en Anglais, ou analysant le discours d’untel, ou décrivant avec passion tes projets de création d’entreprise. Aimé, de ceux à qui tout réussi, qui un jour me dit : « Si j’ai ces concours à la fin de l’année et que tu ne m’as pas quitté, je n’aurai eu aucun échec dans ma vie ». Comme si le reste allait de soi. Comme si la suite était tracée. Et moi qui chéri parfois malgré moi le doute, j’en étais persuadée aussi. J’ignore ce qui s’est passé. Je me vois simplement ce matin verdâtre de fin d’été, désespérée, songeant que si je n’y prenais pas garde, tu ruinerais la vie que je veux avoir.

15 décembre 2009

L’osmanthe.

« One above one for eternity »

Fin de parcours. « Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve ». Confessions au péril du souvenir. Ne sera pas idyllique. La duplicité révélée. A chaque soulèvement de l’estomac devant les babioles kitsch qu’ils s’empressent d’acheter pour les offrir niaisement. Les minettes en collant transparents et décolletés plongeants, qui font glisser leurs talons sur le gel scintillant. Regarder déambuler les petits jeunes stylés du jeudi soir en se disant que non, les côtoyer n’a pas fait de nous des sales gosses qui surjouent la débauche. Un supplément de l’Officiel consacrée aux robes de mariées et dire à l’aimé que non, on ne peut être la femme de sa vie quand on cherche à être la femme de sa propre vie. Quitter l’aimé en pleine nuit. Non-bilan.

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Week-end décisif, donc. Sans poésie particulière, la seule intuition d’un tournant emprunté à la hâte. Samedi, à l’aube, trois jeunes filles emmitouflées, des muffins et des macarons sur la banquette arrière, en route. Halte à Nantes, de bars en cafés, de pain aux graines en chocolats chauds, de bijouteries en boutiques de lingerie. Puis promenade à Noirmoutier, la mer gris perle et le soleil pâle, le vent glacé a figé nos sourires le temps de quelques pas pressés sur la jetée. Puis la campagne vendéenne, la grande maison aux murs colorés, la Porsche noire dans l’allée, le champagne rosé frais à l’arrivée, les poires qui caramélisent doucement dans la poêle pour la tatin au dessert. Le jour suivant, perdues dans la forêt, les godillots terreux à souhait, les fous rires qui résonnent, les feuilles spongieuses déjà et plus si rousses. Dans nos sweats à capuche, on a froid et on est bien, à sautiller, à s’embrasser au détour d’un chemin, à moquer les petits seins fermes de l’une et pincer les fesses charnues de l’autre.

6 décembre 2009

Slagsmålsklubben

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"J'ai l'accent plat des grandes plaines"

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Osmanthe et goyaves un peu acides. Lèvres gercées par le froid, sang qui perle au petit matin. Départ imminent pour quelques jours très girly-pouffe à T.. Puis week-end de Noël avec mon bel amour, sans doute à la mer, au calme, avant de repartir pour T. Robes de soie et musique abrutissante. Toasts. Apaisement, langueur et écoute de Chopin. Avant le concert tant attendu des Arctic Monkeys.

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Ayude, dotore, please Doctor Penrose !

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Les ravages de Twilight.

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La fripouille.

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Cap'tain Chocolate.

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10 novembre 2009

“A view of dopamine as the brain’s Bacchus may be misguided”

-         Mais quelle carotte ? Tu as déjà eu une carotte, non ?

-         Comment sais-tu que j’ai vu Alex ?

-        (triomphe)  Ah, parce que tu l’as vu ?

-         Mais non !

-         N’empêche que c’est stylé : une triangulation du désir qui passe par la carotte !

-         N’empêche que je ne l’ai PAS vu !

-         Et alors ? Ca ne changera rien à la théorie que je m’en vais t’énoncer.

-         C’est justement ce qui me fait peur. Attends, là, il [le prof de finance] a écrit CORNICHON ?

-         Pff, t’es vraiment une courge.

-         Je ne conçois pas les choses sous leur angle moral, d’ailleurs la morale ne m’intéresse pas. Je cherche à assumer la part d’immoralité que je crois inhérente à mon existence mais ne recherche pas à être « morale ». Ni immorale, d’ailleurs. Je ne subis pas vraiment, je n’ai pas conscience de provoquer cet état de fait, j’en conçois l’expérience, c’est tout.

Du café à la place du sang et des cernes qui ne mentent pas. Mon amour, en pleine lumière, loue une beauté qu’il s’imagine sans doute ou bien distingue par-delà mes traits fatigués ou bien réinvente à chaque entrevue trop brève. Il a ce pouvoir de faire jaillir des tréfonds de mon apathie quotidienne le dynamisme enjoué et ravageur des jours insouciants. Mes mains fraîches sur ses joues quand il rougit d’une petite pique espiègle et l’écholalie des premiers instants quand aucun mot ne devrait de disparaître. Et quand ses lèvres ont goût du parfum qu’il a bu dans mon cou, sa bienveillance diabolique afflue.

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